Projet ESCAPED

Echouages au Service de la ConservAtion des Populations d’Espèces en Déclin

Le projet ESCAPED a pour objectif principal l’amélioration des connaissances et l’évaluation de l’état de conservation de quatre espèces menacées en Guyane : la Tortue luth (Dermochelys coriacea), la Tortue verte (Chelonia mydas), la Tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) et le Dauphin de Guyane (Sotalia guianensis), à travers une approche innovante et basée sur le suivi des échouages de ces espèces, ainsi que le développement de stratégies de surveillance.

Les acteurs du projet

Un projet porté par l’association EDEN-I en tant que coordinatrice du Réseau des Echouages de Guyane et par l’Observatoire Pelagis/Université de La Rochelle en tant que coordinateur du Réseau National Echouages.

Financements

Financé par le Fonds Européen pour les Affaires Maritimes, la Pêche et l'Aquaculture (FEAMPA).

Un peu de contexte

Les pressions qui pèsent sur la grande faune marine sont lourdes et l’utilisation de filets maillants dérivants par les différentes flottilles de pêche constitue l’une des principales menaces en Guyane. Ces filets sont utilisés par la flottille française, mais également par la pêche informelle et la pêche illégale étrangère, dite pêche INN (Illicite, Non déclarée et Non réglementée) et génèrent des dégâts majeurs sur les écosystèmes (Leforestier, 2024). Les filets, quelle que soit leur origine, sont une menace lorsqu’ils sont actifs, mais également lorsqu’ils sont abandonnés et qu’ils continuent d’être capturants (REG, 2025). Les filets de la pêche française ne peuvent excéder 2,5 km de longueur, mais les filets illégaux peuvent parfois mesurer 10 km.

Bien que des efforts conséquents soient déployés depuis plusieurs années par une collaboration remarquable de nombreux acteurs (Etat, scientifiques, associations de protection de l’environnement, gestionnaires, socio-professionnels), les données relatives aux échouages annuels de tortues marines et de mammifères marins ne diminuent pas et les populations sont toujours en déclin

La compréhension des échouages est une clé pour nous renseigner sur les populations de mammifères marins et de tortues marines en mer.

Quelques objectifs et actions phares du projet

 

Photo : Réseau Echouages de Guyane

Renforcer le réseau de surveillance des échouages de Guyane et mener une analyse approfondie des données existantes

Le Réseau des Echouages de Guyane dispose de plus de 10 ans de données qui permettent aujourd’hui la réalisation d’analyses approfondies. Une évaluation des tendances des échouages et leurs variations (spatiales, temporelles, spécifiques) sera également réalisée et les données seront comparées avec des facteurs environnementaux, l’écologie des espèces elles-mêmes, mais également les activités anthropiques. 

Par ailleurs, la collecte de données par le REG sera renforcée à travers l’organisation de nouvelles formations à destination des correspondants, une campagne de communication élargie et des prospections de zones isolées en ULM.


Identifier les zones de mortalité en mer à l’aide de méthodes innonvantes et adaptées au territoire

Le principe de cette action est de remonter la piste des échouages recueillis sur le littoral afin d’identifier les zones de mortalité en mer. Cette méthode dite par “dérive inverse” intègre les conditions de dérive (vents, marées et courants globaux) qui sont survenues depuis la mort de l’animal, jusqu’à son lieu d’échouage afin de modéliser la trajectoire des animaux morts. Des modèles de prédiction de dérive seront utilisés et validés grâce à la pose de balises GPS sur les carcasses.

La Rochelle Université/Observatoire PELAGIS a mis en place un travail de doctorat (Peltier, 2011) permettant de développer cette méthodologie, largement reconnue aujourd’hui dans les eaux européennes.

La compréhension des processus d’échouages dans leur globalité est une action qui doit se concevoir au-delà des frontières en raison notamment de la courantologie spécifique au Plateau des Guyanes. Le projet présenté ici permettra, d’une part, d’expérimenter les protocoles de dérive inverse en milieu amazonien, d’autre part, d’engager des contacts avec les pays frontaliers dans le but de développer des actions de coopération.

Photo : Réseau Echouages de Guyane

 

Un travail sur la dérive des filets fantômes sera également engagé à travers des collaborations avec les acteurs et notamment les forces armées qui seront dotées de balises GPS pour faciliter le repérage et le retrait de ces filets.


Rédiger une stratégie de surveillance des mammifères marins et des tortues marines adaptée au contexte local en se basant sur des directives nationales et des indicateurs approuvés

Une stratégie de surveillance, adaptée et applicable au contexte guyanais, sera rédigée au regard du programme de surveillance spécifique aux mammifères marins et aux tortues marines décliné dans le cadre de la DCSMM. Les indicateurs retenus seront identifiés à partir de travaux existants et sur les résultats obtenus dans le cadre de ce projet.
Les échouages génèrent des données de faible coût, il s’agit alors ici d’en définir et d’en améliorer la pertinence écologique et la crédibilité statistique, afin de construire des outils de suivi efficaces.

Photo : Amandine Bordin/EDEN-I 2025


Proposer et mettre en œuvre des actions concrètes pour maintenir le bon état écologique des populations et des habitats.

Photo : Mael Dewynter/Biotope

Si les expérimentations menées depuis plusieurs années en Guyane sur l’adaptation des méthodes de pêche doivent être poursuivies sur le long terme, des actions urgentes et ciblées doivent être entreprises à court terme. Les travaux d’analyse des données du REG et de dérive inverse permettront une approche spatiale de la conservation, en identifiant des zones de haute interaction et prioritaires pour la préservation des espèces et de leurs habitats. L’objectif est de fournir une cartographie des zones pour lesquelles il est nécessaire, et/ou urgent, de développer des opérations concrètes. Les travaux et résultats obtenus aideront à la mise en œuvre des divers documents déclinés localement (PNA DSBM, SNAP, Plan de surveillance, etc.).


Sensibiliser les acteurs

La sensibilisation des publics est une action incontournable pour la préservation des écosystèmes. Si les captures accidentelles représentent la majorité des cas de mortalité des mammifères marins et des tortues marines en Guyane, les causes des échouages sont multiples (braconnage, prédation des tortues par les chiens sur les plages, pollutions diverses, collisions, etc.). Ainsi, de nouvelles actions de sensibilisation du grand public et des collectivités seront menées à travers des supports de communication et la participation au différents évènements locaux et nationaux.